Beauvais s’engage sur la durée pour les travailleurs pauvres

Dans la cadre d’un plan global d’Harmonie Sociale, la ville de Beauvais mène depuis cinq ans une politique d’aide efficace à destination des travailleurs pauvres

Beauvais, le 2 décembre 2008 – Quelques jours après l’adoption du RSA, dans un contexte actuel de ralentissement économique et de renchérissement du coût de la vie, le phénomène des « travailleurs pauvres » s’amplifie au niveau national, portant à 2 millions le nombre de ménages concernés. Loin des querelles médiatiques, la ville de Beauvais, particulièrement touchée comme la plupart des villes moyennes, agit depuis cinq ans dans la durée pour endiguer la précarité des working poor à la française. Grâce à l’initiation et la coordination des multiples initiatives locales (associatives, institutionnelles, privées), la ville de Beauvais et le Centre Communal d’Action Sociale (C.C.A.S.) peuvent se prévaloir de bons résultats auprès des travailleurs pauvres (salariés à temps partiel ou en fin de contrat, familles monoparentales, etc.). Analyses et réflexions ont permis à la ville de maîtriser aujourd’hui les outils et la méthode pour venir en aide à un public longtemps ignoré des acteurs sociaux.

Apparition d’une nouvelle forme de la précarité

Les travailleurs pauvres

2 millions de ménages en France
Seuil de pauvreté (mensuel):
- 880 euros pour une personne seule,
- 1 320 euros pour un couple
- 1 580 pour un couple avec un enfant
- 1 140 euros pour une famille monoparentale avec un enfant
Avec un tissu économique local composé de nombreuses PME industrielles, les villes moyennes telles que Beauvais se retrouvent particulièrement confrontées à la précarité de leurs salariés. Le Centre Communal d’Action Sociale de Beauvais estime qu’il y a environ 13% de travailleurs pauvres en plus dans les villes moyennes que dans des grandes villes comme Paris. Beauvais compte 4500 travailleurs pauvres, sur un nombre d’habitants de 60 000.

Le rapport annuel de la Croix Rouge sur la pauvreté, rendu public le 13 novembre dernier, dresse un constat alarmant : 18,7% des personnes accueillies par l’association occupent un emploi, contre 17,7% en 2006. De plus en plus de « nouveaux pauvres » affluent vers les associations caritatives.
Caroline CAYEUX, Maire de Beauvais, fut l’une des premières femmes politiques à s’engager sur le sujet : « La pauvreté a véritablement changé de visage en quelques années. La frontière entre un travailleur précaire et une personne sans emploi tend à s’atténuer, si bien qu’on ne peut plus combattre la pauvreté de la même façon aujourd’hui qu’il y a vingt ans ». Mme Le Maire s’empresse d’ajouter : «  La société de consommation actuelle est de plus parsemée de nombreux pièges pour tous ceux qui sont « justes », le danger du surendettement n’est jamais très loin. »

Beauvais, cinq années d’action sociale pour les travailleurs pauvres

En étroite collaboration avec les associations locales, la ville de Beauvais et le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) travaillent quotidiennement auprès de ces populations vivant dans la précarité mais n’osant souvent pas l’avouer. « Il y a plus de 5 ans, nous avions réalisé qu’il fallait tout mettre en œuvre pour comprendre les difficultés vécues par les travailleurs pauvres et leur venir en aide », explique Caroline Cayeux, Maire de Beauvais. Elle poursuit : « Ces familles n’entrent dans aucun des critères d’attribution d’aides au niveau national, tout en ayant des charges ne pouvant être supportées intégralement par leur salaire ».

L’Harmonie Sociale à Beauvais en quelques points

- Crédit Harmonie : prêts de 100 à
1 000 euros, remboursables sous 18 mois et sans intérêts. Récompensé par le Prix de l’Innovation de l’UNCCAS.

- Fonds Famille « Cantine-Crèche » pour aider les familles à résorber leurs dettes de cantine et de crèche.

- Fonds Famille « Activités pour l’enfant » : pour permettre aux enfants de participer aux animations et aux sorties organisées pour eux pendant les vacances scolaires ou les « grandes vacances ».

- Fonds Famille « Tickets Temps Libre » permettant l’Inscription dans les associations, clubs, activités de loisirs.

- Noël Pour Tous : vrai Noël pour tous les enfants dont les parents ne disposent pas des ressources suffisantes pour leur offrir des jouets.

- Aide alimentaire : aide pour faire face aux dépenses alimentaires.

- Chauffage et électricité en permanence pour aider les familles en difficulté qui ont une dette énergie.

- Fonds logement

- Fonds handicap

- Fonds universitaire pour permettre l’inscription à l’université.

- Les Anges Gardiens pour rompre avec l’isolement relationnel des personnes âgées.
Une prise de conscience du phénomène

Depuis 5 ans, la ville de Beauvais et son CCAS s’entourent d’expertise pour analyser et comprendre cette problématique. Des colloques, débats et réunions réunissent de plus en plus de CCAS d’autres villes souhaitant prendre exemple sur l’action de Beauvais. « Beauvais est une des premières villes à avoir pris en considération les travailleurs pauvres dans leur politique d’aide » précise Caroline CAYEUX, « c’est un sujet qui est longtemps resté tabou en France, même si avec la crise actuelle, l’opinion publique et le gouvernement sont devenus obligés de s’y intéresser. »

Une action concrète dans le cadre du Plan d’Harmonie Sociale

Dans la capitale Picarde, pas moins de 90 travailleurs sociaux cherchent à améliorer le quotidien de ces familles vivant souvent dans la solitude et dans une inquiétude constante. Après 5 années d’actions menées en faveur des travailleurs pauvres, ces derniers restent une priorité pour Beauvais.

L’influence de plus en plus importante du CCAS de Beauvais et des épiceries sociales contribuent à maintenir cette priorité sociale.

Sous forme de subventions ou de prêts à taux zéro, le CCAS de Beauvais oriente principalement ses activités à destination des travailleurs pauvres pour éviter les spirales descendantes. Selon Caroline CAYEUX, « Une dépense de santé ou un problème de voiture imprévus peuvent empêcher ces familles de payer un loyer, c’est alors parfois le début de la décadence ».

En cette fin d’année, le spectacle « Un Noël pour tous » réunira environ 24 000 personnes du 6 au 14 décembre, chiffre jamais atteint jusqu’à aujourd’hui.

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