Du 18 mars au 6 avril 2014, la Galerie BE-ESPACE, dirigée par Brian Elliott Rowe, se met à l'art pop urbain avec l'artiste colombien Sebastian Cifuentes. L'exposition revisite en une dizaine de tableaux-3D les mythes, des plus classiques, grecs ou romains, aux superhéros des temps modernes, des plus réels aux plus imagés, version picturale ou bande dessinée. L'inconscient collectif y retrouve ses figures emblématiques. Et les formes géométriques jaillissent, boîtes en bois qui s'encastrent dans les aplats de couleurs acidulées pour jouer, en trompe-l'œil, les scènes ludiques d'un art contemporain à mémoire réelle. 

Sebastian Cifuentes présente une nouvelle facette de son talent polymorphe et nous invite dans son pop art. Il fait des bulles dessinées, peintes, des cubes sculptés, en relief. Des Bonkkk, des Craft, des I Love You. Et des couleurs qui swinguent, qui claquent. Inspiré par les mouvements picturaux classiques comme contemporains, il compose sa fresque singulière, transcourant. Ancrée dans une réalité aux confluences de la mémoire et de la modernité, de l'inconscient collectif à l‘actualité street art. Pour Cifuentes, son art est une terre de recherche, de synergie d'époques, de mixité culturelle. Ses origines colombiennes nourrissent sa vision, ses voyages ouvrent son cercle des possibles. Alors, naturellement, ses œuvres prétendent à l'humain, dans sa diversité comme dans son essentiel, sans oublier, jamais, d'intégrer la nature et les animaux, ses partenaires indissociables. Question d'équilibre, de philosophie aussi.

La force de Cifuentes réside dans sa capacité à balayer les chapelles, puisant ses références dans ses goûts, ses envies plastiques. Première étape : le dessin. Grâce à sa maîtrise virtuose du trait, il recrée les personnages d'un Caravage, d'un Bruegel, et même d'un Lucien Freud, réinvente les  héros tout droit sortis de La Bible, de la mythologie, croque  La Fiancée de Superman, les premiers rôles des cartoons américains, donne sa version du baiser de Cupidon et Psyché… Mais l'artiste est aussi tatoueur et son imagerie s'imprègne de ces tracés épidermiques, années 50. Vient ensuite la palette chromatique, celle d'un Andy Warhol, teintée sud-américaine. Avec des aplats, des contrastes. Enfin, la mise en volume par des cubes qui extraient le détail, zooment sur un visage, un regard, une tête de mort, une onomatopée. Les boîtes en bois peint et ponctuel effet miroir renchérissent l'impression d'anamorphose.
Si le travail de Sebastian Cifuentes n'appartient pas à proprement parler au Street art, il en emprunte tous les codes. Ses toiles sont ses murs, son atelier sa rue. Ses mosaïques dessins et peintures se substituent aux collages et ses mises en perspectives ont des accents d'installations. Au dialogue éphémère, il ajoute l'échange durable autour de scènes de vie imaginaires mais symboliques : sa représentation du monde, tel qu'il le vit, qu'il le pense.