Caroline Luigi poursuit, dans ce travail, en couleur cette fois-ci, les recherches entreprises avec sa série précédente. Le sujet en est toujours la vanité, avec un rapport évident au memento mori, genre populaire de la peinture européenne du XVIIe et du XVIIIe siècles.     

Des attributs de la mort, comme le crâne et les hameçons, se mèlent à des objets usuels et créent un inventaire des symboles tout à fait personnel, que l’artiste utilise pour tenter sa propre lecture de l’iconographie traditionnelle. La photographie, depuis Camera Lucida de Barthes et jusqu’ à Blow- up d’Antonioni,qui peut être vue comme une métaphysique de la mort, se révèle être le médium idéal à l'articulation du discours artistique de Caroline Luigi. En se positionnant clairement par rapport à toute forme d’académisme photographique se présentant comme une appropriation post-moderne de la peinture, elle élève l’iconographie de la mort à un outil méthodologique, avec lequel elle s’attache à la forme ontologique même du médium photographique.

Cette recherche se signale justement par l’utilisation du vocabulaire plastique de la  photographie "pure" dans lequel l’artiste puise et accentue les particularités et les caractéristiques propres au seul médium photographique. Jeux de lumière, ombres, réflexions d’objets, rendus de surfaces lisses, nuances de tons suggèrent  la nature autoréférentielle de la photographie, transformant une nature morte en une représentation du "sublime". Les éléments novateurs de la  photographie "pure", omniprésents dans son travail, donnent une importance primordiale à l’esthétique. Une esthétique qui, selon Rancière, tiraillée entre des conceptions opposées (autonomie et hétéronomie de l’art), garde la possibilité de traiter toute forme de contradiction.

Un type de représentation qui renvoie donc à la tradition de la peinture ; un rendu photographique qui puise dans la photographie moderne  "pure": dans l’espace créé entre ces deux approches se trouve le discours artistique de Caroline Luigi. Evoluant  entre les régimes esthétique et représentatif, entre les traces du monde réel et la représentation du monde, entre la reproduction mécanique et la création artistique, la photographie se révèle dans son travail comme un médium hétérogène, capable d'exprimer la problématique ontologique de l’art contemporain.
Iro Katsaridou, Historienne d'Art

Exposition Caroline LUIGI
Thessaloniki Museum of Photography
ZITA-MI - du 8 au 19 avril 2008
Proxenou Koromila 1 - 54623 Thessaloniki - Greece
Tel. : (00 30) 2310 270 636 - Fax : (00 30) 2310 240 591